Visiter Sidi Bou Saïd : le balcon de la méditerranée

Basé à une vingtaine de kilomètres au nord de Tunis, Sidi Bou Saïd est un village de charme niché sur une petite colline surplombant la mer Méditerranée. Il est nommé ainsi en l’honneur d’une ancienne figure religieuse musulmane ayant habité le village au XIIIe siècle (le saint Sidi Bou Saïd). Plus récemment, le village a gagné le surnom de « balcon de la Méditerranée » ou de « petit paradis blanc et bleu » en raison de l’éclat de ses maisons blanchies à la chaux. Celles-ci sont ornées de magnifiques portes et volets en bois d’un bleu intense, aux couleurs de la Méditerranée. Avec ses dômes blancs, cette destination tunisienne tient parfaitement la comparaison avec les villages perchés de l’archipel de Santorin (Grèce).

La fondation du village de Sidi Bou Saïd remonte à environ un millier d’années. Elle est entreprise sous la dynastie berbère des Almoravides aux XIe et XIIe siècles pour en faire un poste d’observation et de garde avancée. À cette époque médiévale, l’Empire maure règne sur une grande partie du Maghreb, du Sahel et de la péninsule ibérique. Des tours de guets et des murs défensifs sont érigés pour protéger le golfe de Tunis d’attaques extérieures. Au XIIIe siècle, Sidi Bou Saïd devient un lieu de spiritualité du soufisme (courant ésotérique, mystique, spirituel et initiatique du monde musulman) incarné par le saint Sidi Bou Saïd (de son nom complet Abou Saïd Khalaf Ibn Yahya el-Tamimi el-Béji). Ce lieu s’impose naturellement comme un site d’enseignement vivant de l’islam. Rattaché aux ruines de Carthage, le village est investi progressivement par l’élite de la capitale tunisienne à compter du XVIIe siècle qui y aménage de somptueuses demeures de villégiature à l’architecture arabo-andalouse.

Visiter Sidi Bou Saïd permet de s’imprégner d’un village pittoresque et romantique à l’atmosphère envoûtante. Il comprend d’anciens palais et villas accessibles à travers un labyrinthe de rues et ruelles pavées qu’il est fort agréable d’explorer à pied. Découvert par de riches Européens à la fin du XIXe siècle, Sidi Bou Saïd voit rapidement son riche patrimoine menacé par l’urbanisation grandissante de ses terres. Au début du XXe siècle, le baron français Rodolphe d’Erlanger tombe amoureux des lieux et se fait construire un somptueux palais épousant le style architectural local. Il le baptise Ennejma Ezzhara (« Étoile de Venus » en arabe) et l’aristocrate contribue au classement de la ville. Ce centre culturel afro-arabe attire de nombreux artistes, écrivains, peintres et musiciens du monde entier. Les passages remarqués de Chateaubriand, Gustave Flaubert, Paul Klee ou encore Simone de Beauvoir finissent par faire de Sidi Bou Saïd un lieu d’inspiration de renommée mondiale.